80 ans après l’exécution des membres du groupe Manouchian
Missak Manouchian entre au Panthéon en cette année 2024, par ces mots « Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la Liberté et de la Paix de demain. Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement. » un hommage national à un « français de préférence ».
Le mercredi 21 février, la dépouille de Missak Manouchian quitte le Mont-Valérien pour rejoindre la capitale. lors de cette cérémonie le cercueil du résistant, couvert d’un drapeau français, est installé aux cotés de celui de son épouse Mélinée.
Durant son procès, la propagande nazie placarda dans la capitale une affiche avec les photos de dix membres du groupe Manouchian, sur fond rouge, dénonçant «l’armée du crime contre la France». Tous entreront dans la légende sous le nom de «L’Affiche rouge», qui inspira un poème à Aragon, mis en musique par Léo Ferré et chanté pour la première fois par Monique Morelli en 1961.
“Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Aragon
Vingt et trois qui donnaient leur cœur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant”
Au cours de l’année 1943, les actions des résistants se multiplient.
Les polices allemandes, aidées par les services de Vichy, la milice, unissent leurs efforts pour les traquer.
L’arrestation des FTP-MOI de la région parisienne fut le fait, notamment, des inspecteurs des renseignements généraux, fer de lance de la lutte anticommuniste.
A l’époque, on dénombre environ 200 membres de la brigade spéciale de la police française de Vichy, expérimentés en matière de surveillance et de filatures…
Le 16 novembre, le groupe et celui qui en a pris la tête, Manouchian, sont arrêtés.
Sur les 35 personnes repérées, 5 seulement pourront s’échapper. Pas Joseph Epstein, le célèbre “Colonel Gilles”, chef de tous les FTP de la région.
Avant d’aller au supplice le 11 avril 1944, lui aussi au mont Valérien, il est torturé pendant des mois. IL ne livre à ses bourreaux aucun nom. Pas même le sien.
Ils étaient 23 – juifs, polonais, hongrois, italiens, espagnols, roumains et français.
Vingt-deux hommes du même groupe de FTP-MOI à être fusillés au Mont-Valérien le 21 février 1944.
Le vingt-troisième membre était une femme, Olga Bancic, roumaine, juive et communiste, arrêtée le 6 novembre 1943, torturée à Paris puis transférée en Allemagne deux jours avant l’exécution de ses camarades ou elle sera guillotinée le 10 mai 1944 à la prison de Stuttgart..
Elle n’est pas fusillée, car les nazis réservent cette mort aux soldats, un statut que, sauf à de rarissimes exceptions, ils ne reconnaissent pas aux femmes.
Ensemble, ils combattirent la barbarie du Troisième Reich.
Ensemble, ils furent traqués par les brigades spéciales de la police française jusqu’à leur arrestation.
Et ensemble, ils périrent sous le joug de la barbarie allemandes.
L’ennemi de l’intérieur
« L’affiche rouge » présente les membres du réseau Manouchian comme de dangereux terroristes.
La couleur rouge, évoque leur appartenance politique mais aussi le sang qu’ils ont versé.
La présentation des photos en médaillon au-dessus de leur « palmarès » évoque une iconographie criminelle. Qualifié de « bande », le réseau Manouchian se voit ainsi refuser toute reconnaissance politique.
Pour la propagande allemande qui placarde cette affiche, cette « armée du crime » est un danger pour l’occupant et le gouvernement de vichy, il est constituée d’hommes d’étrangers, hirsutes, agressifs et patibulaires, des « juifs », des « rouges »…